Le FC Sète 34 a appris avec tristesse le décès de Monsieur René Llense , doyen des joueurs internationaux français. L’ancien gardien de but du FC Sète, né le 14 juillet 1913 à Collioure, avait porté à onze reprises le maillot de l’Equipe de France de 1935 à 1939, participant notamment aux Coupes du Monde 1934 et 1938.
Ce talentueux gardien de but du FC Sète, avec qui il remporta un doublé Championnat-Coupe de France en 1934 c’est éteint ce Mercredi 12 Mars 2014. Voici une petite biographie :
Le catalan déménage sur Sète à ses 12 ans : “Ce sont les circonstances de la vie qui ont fait que je suis venu au foot“. En juniors, il opte définitivement pour le poste de gardien de but, suite au remplacement du titulaire, blessé.En 1932, il signe ses grands débuts en équipe première du Football Club. Il réalise le fameux premier doublé Coupe/Championnat de France en 1934.
“C’était précisément le 6 mai 1934 à Colombes en finale de la Coupe de France face à Marseille. On joue alors les ultimes secondes de jeu et Sète, menant 2-1, s’achemine vers une deuxième victoire dans l’épreuve après 1930. René est serein. Soudain, la gueule emblématique de l’international Jean Boyer apparaît dans son champ de vision. Le capitaine olympien, redoutable buteur, décoche une frappe puissante des dix-huit mètres dont il a le secret. Le ballon flotte dans les airs devant des dizaines de milliers de spectateurs suspendus à l’issue du tir. René, 21 ans seulement, n’a qu’une fraction de seconde pour réagir. Il choisit d’avancer légèrement et capte finalement la balle avec autorité. La fin du match est sifflée et les “Dauphins” reçoivent alors le trophée et effectuent le tour d’honneur sous le regard du président de la République Albert Lebrun. Quelques semaines plus tard, le titre de champion vient concrétiser le premier doublé de l’histoire du football français.Après la victoire, qui nous avait rapporté une petite prime de 50 francs, mes coéquipiers étaient en vacances, le championnat étant bouclé pour nous, explique-t-il. Mais les Marseillais, classés à deux points seulement, avaient encore trois matches à disputer. Autant dire que le titre leur était promis… Pourtant, les voilà terrassés à Lille puis à Paris face au Club Français. Restait à assurer chez eux contre l’Excelsior de Roubaix. À la mi-temps, l’OM mène 2-0 mais, scénario incroyable, il craque et s’incline 2-4 ! J’étais dans les tribunes avec mon copain Louis Gabrillargues car nous devions partir avec les internationaux olympiens en Italie, afin de disputer la Coupe du Monde 34. On était comme des fous, cherchant à envoyer en urgence un télex à nos camarades en tournée en Tunisie ! Ils ne pouvaient pas se douter qu’on était champions !”
Ce succès en Coupe lui vaudra l’obtention du ballon du match qu’il conserve précieusement 80 ans plus tard!
Le doublé en poche, René découvre le stade Mussolini de Turin pour les 8èmes de finale du Mondial. Doublure d’Alex Thépot, il assiste sur le banc à la défaite tricolore face à l’Autriche (3-2 a.p.). Quatre ans plus tard, “Pouponnet”, comme il est surnommé, est remplaçant de Laurent Di Lorto lors de l’épreuve 1938 organisée en France. L’Italie élimine les Bleus (3-1) en quarts de finale. Deux belles expériences qui enrichissent son vécu en sélection riche de onze matches échelonnés de 1935 à 1939, alors qu’il évoluait à Sète puis à Saint-Étienne, l’autre club de son cœur.
De ses onze sélections, René Llense retient avant tout son rendez-vous “amical” à Naples en 1938 face à l’Italie, double championne du monde en titre. “On nous a demandé d’exécuter le salut fasciste devant l’état-major de Mussolini. Refus de notre part. Le public hurlait et nous balançait des tas de pierres et bouteilles. Impossible pour les musiciens, bombardés eux aussi, d’interpréter la Marseillaise. On s’est alors regroupés et nous avons chanté l’hymne entre nous sous un concert de sifflets assourdissant. Notre capitaine, Étienne Mattler, nous a dit : s’il y en a un qui ne se sent pas capable de jouer, qu’il rentre tout de suite au vestiaire ! Personne n’a bronché, même le jeune Larbi Ben Barek qui honorait sa première sélection. Inutile de dire que le match a été particulièrement rugueux. C’était coup pour coup ! J’ai toujours aimé aller au combat. À Naples, je peux vous dire que j’y suis allé franco sur tous les corners. Je dégageais tout en même temps ! Malheureusement, on a perdu sur un centre en retrait. J’allais prendre la balle lorsque Jules Vandooren me l’a enlevée des mains et Amedeo Biavati, en embuscade, l’a mise au fond. Malgré tout, ce match reste un grand souvenir.”
Lors de l’été 1938, il est vendu à l’AS Saint-Etienne. Les verts finiront 4ème et Llense prendra part à 30 matchs. La seconde guerre mondiale faisant rage, il ne reprit les gants et le maillot stéphanois qu’en 1942, ce jusqu’en 1945.
Celui dont un stade à Sète porte son nom ainsi qu’une rue dans sa ville natale resta 12 ans à l’ASSE où il embrassa une carrière de coach et d’éducateur sportif. Après une vie de technicien à Toulon, en DH, avec la double casquette d’entraineur/joueur, puis à Béziers en D2, de 1948 à 1955. René Llense était depuis revenu vivre à Sète.
Une légende du football sétois mais surtout du football français nous a quitté !
Sa fiche : René Llense Né le 14 juillet 1913 à Collioure